Le midi de l'Auvergne
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Jeudi 1 mai

Comme d'habitude à la veille d'un grand départ, j'étais un peu tendu: la crainte de ne pas être en forme pour les 850 kms qui m'attendaient le lendemain, le risque de ne pas être à l'heure au rendez-vous, etc. Et comme d'habitude, je n'ai pas eu besoin de mon réveil car j'étais debout bien à temps pour partir vers 6h20; le rendez-vous à Couvin n'était prévu qu'à 7h45 mais je suis de nature à ne pas être en retard. D'ailleurs, j'ai retrouvé Henri et Bernadette à la pompe à essence à l'entrée de la ville à 7h15 ce qui montre que je ne suis pas le seul dans le cas. Cela nous a permis de démarrer à 7h25 en prenant dès le départ une bonne demie heure d'avance sur l'horaire.

En ce début de journée, le temps était sec et il faisait froid. J'avais emmené dans mes bagages mes vêtements de pluie mais ils sont restés pliés pendant les 4 jours car nous n'avons pas eu une seule goutte de pluie (ce n'est pas tout à fait vrai car quelques grosses gouttes sont tombées à la sortie de Puy-Guillaume, mais pas assez pour mouiller). Henri a roulé devant de Couvin jusqu'à Troyes où je me suis mis à la recherche d'une pompe à essence... éternel problème en France quand on choisit les petites départementales pour voyager. Ensuite, j'ai pris le relai jusqu'à Saulieu où Henri nous a trouvé un chouette resto en ville où nous avons pu manger rapidement et correctement. Nous avions à ce stade-là une sérieuse avance sur l'horaire.

Quand nous sommes repartis, la température avait grimpé de quelques degrés et les routes invitaient à l'attaque, gentille, mais attaque quand même, ce qui fait que nous avons encore gagné du temps sur l'horaire et nous pensions pouvoir arriver à la chambre d'hôtes avant Didier, Jacques et Solange qui étaient partis la veille et avaient opté pour une descente en deux jours. Henri a roulé devant jusqu'à La Chaise Dieu, que nous avons brièvement visité, puis je suis passé devant pour les derniers kilomètres car j'avais en tête le plan détaillé pour arriver jusqu'à la chambre d'hôtes (la préparation, ca a quand même du bon).

Nous sommes arrivés à destination avec presque une heure et demie d'avance et seulement quelques minutes après Didier et Jacques. Non seulement ils avaient eu beaucoup de pluie la veille mais en plus ils avaient dormi dans des draps humides... Comme quoi les chambres d'hôtes ne sont pas toutes pareilles car celle où nous nous trouvions maintenant, le champ de l'Oustau tenue par Virginie et Hervé Chamard, est d'un rapport qualité-prix difficile à égaler. Les chambres sont confortables, on y dort très bien, on mange très bien aussi, le jeune couple est sympathique et accueillant, etc.

Pour le repas du soir, nous avons dégusté quelques charcuteries fait maison puis du veau pour le plat principal suivi de fromages et dessert. Je vous assure, on ne meurt pas de faim. On a parlé de choses et d'autres pendant le repas et nos hôtes ont répondu ouvertement à nos questions à propos de leur ferme. J'étais étonné, et je le suis toujours, par le calme avec lequel ils gèrent la ferme et la chambre d'hôtes. Malgré les 65 têtes de bétail et les 50 hectares de terre, sans compter les urgences (naissances de 2 veaux pendant notre séjour), les imprévus et l'éducation de deux enfants en bas age, on dirait qu'ils sont beaucoup moins stressés que nous, les citadins, qui avons autant d'heures de loisirs que d'heures de travail. Il y a surement quelque chose à méditer la-dessus... dès que je trouverai le temps.

Nous avons eu plusieurs fois une pensée pour Alberto qui n'avait pas pu se joindre à nous pour ce voyage à cause du décès de son père l'avant-veille du départ. D'habitude, nous lui aurions téléphoné pour lui donner de nos nouvelles et le faire baver, mais cette fois-ci le coeur n'y était pas car nous aurions préféré mille fois qu'il soit avec nous. J'espère qu'il n'a pas mal interprété ce silence radio.

Vendredi 2 mai

Au réveil: grand soleil ! Voila une journée qui s'annonce plus que bien. Nous avions tous bien dormi et un solide petit-déjeuner nous attendait: des confitures maison, de la brioche et du pain, du fromage, des laitages, des céréales, etc. J'ai pris soin de ma ligne en me limitant à de la brioche et du pain et du beurre et de la confiture... Ouais, bon, je n'allais non plus me laisser mourir de faim.

La balade du jour nous emmenait dans les gorges de la Truyère (encore une fois, en pensant à Alberto, je me disais qu'il y avait là surement de quoi faire un bon jeu de mot... mais je n'ai pas trouvé) après un détour par Le Puy en Velay pour la visite payante du cloitre, une première halte culturelle programmée par notre chef. J'avais pris soin d'oublier le road-book dans la chambre afin d'avoir une bonne excuse pour ne pas rouler devant ;-) Dès la sortie de la ville par les petites routes, nous avons pu admirer de très beaux paysages: chaque montée se terminait par un panorama majestueux avec, en fond, les chaines de montagnes enneigées... ou pas, et les descentes nous offraient des vues sur des villages typiques.

Avant de descendre sur le viaduc de Garabitte* et les gorges de la Truyère, nous nous sommes arrêtés à Ruines pour manger. Il faisait déjà bien chaud et nous avons pu nous mettre à l'ombre sur la terrasse donnant sur la rue où, il faut l'avouer, il n'y avait pas beaucoup de passage. En fait, pendant ces quatre jours dont deux passés sur place, nous n'avons pas vu grand monde. C'est très bien dans un sens mais c'est dommage pour l'économie locale qui mérite mieux que ça du point de vue touristique.

Après le repas, nous avons parcouru les 15 kilomètres qui nous séparaient du pont rose - entendez le viaduc de Garabit - tel que décrit par Jacques. Chacun aura son opinion la-dessus mais on peut aussi argumenter que, s'il avait été vert on ne l'aurait pas distingué de son décor naturel. Après le pont rose, nous avons continué sur la petite route qui longe la Truyère jusqu'au chateau d'Alleuze où nous avons fait une halte prolongée pour reprendre des forces: une petite sieste à l'ombre de la sainte vierge.

Ensuite, nous avons pris le chemin du retour par des départementales fort agréables comme en témoignaient les nombreuses motos que nous avons croisées. Je crois même avoir vu un groupe dans lequel se trouvaient 4 ou 5 Gran Canyon ou Navigator et je pense qu'il devait s'agir du club Cagiva qui fait sa sortie annuelle à cette période de l'année. Nous avons fait une pause à Langeac où nous avons gouter la Vellavia, bière locale dont Virginie avait vanté les mérites la veille.

Finalement, nous avons parcouru le dernier tronçon nous ramenant à la chambre d'hôtes par le chemin des écoliers, le long de l'Allier. La partie entre Saint Arcons et Monistrol est superbe et emprunte des petites routes presque désertes. Nous avons terminé notre balade vers 19h30 et Virginie nous a gentiment offert une Vellavia ambrée que l'on a dû partager avec les autres invités... pardon: qu'on a eu le plaisir de partager avec les autres invités. Pour le repas, nous nous sommes régalés avec une tarte au thon en entrée suivi d'un plat de saucisses aux lentilles (vertes du Puy), d'un plateau de fromages et d'une salade de fruits frais. Miam !

* Le vrai nom est "Garabit" est se prononce "Garabi". Cela a bien fait rire notre hotesse, Virginie, quand nous avons dit que nous allions visiter "Garabitte" alors nous n'avons pas hésité à persévérer et, même quand quelqu'un prononçait correctement le nom, nous nous amusions à rajouter le "T" manquant.

Samedi 3 mai

Encore grand soleil au réveil et encore plus chaud que la veille; la journée s'annonçait bien. Le même petit-déjeuner que la veille nous attendait mais personne n'a fait mine d'être blasé, bien au contraire. C'est donc en pleine forme, bien reposé et l'estomac plein, que nous avons attaqué cette deuxième balade dans le midi de l'Auvergne. Ayant pris soin de tracer l'itinéraire sur une carte, j'étais un peu surpris de voir qu'on allait faire 2 boucles et 330 kms; un genre de "huit" diforme. J'ai donc pris soin d'amener le road-book avec moi cette fois-ci afin de retrouver mon chemin au cas où je perdrais le groupe.

La première boucle du huit nous amenait à la Chaise Dieu en passant par Brioude où j'ai fait l'impasse sur la visite culturelle imposée de la basilique Saint-Jean. Je ne suis pas le seul d'ailleurs car Didier s'est un tout petit peu perdu en ville et a décidé de nous attendre sur un parking à l'extérieur. Ce temps libre lui a permis de téléphoner à la Chaise Dieu pour (i) annoncer notre arrivée et demander à rester incognito et (ii) vérifier les heures d'ouverture du cloitre. Bien lui en a pris car nous risquions d'arriver en plein pendant la pause de midi.

Bref, après avoir retrouvés Didier sur le parking et écoutés ses explications, nous sommes arrivés à la Chaise Dieu avec assez de temps pour pouvoir visiter tranquillement le cloitre et encore le cloitre. L'atmosphère était à la relaxation et à la détente; en témoigne cette photo... et celle-ci.

Ensuite, nous avons acheté des denrées pour notre pique-nique; je me chargeais du pain pendant que les autres achetaient du fromage, des fruits et des tomates, et pendant que Jacques achetait une tablette de chocolat. Didier avait repéré un lac au bord duquel nous pouvions pique-niquer et il nous y a amené vite fait bien fait. Encore une fois, l'ambience était à la détente et à la relaxation.

Bien obligés de partir à un moment, nous avons poursuivi notre route en respectant plus ou moins l'itinéraire prévu. Nous avons visité la cité médiévale de Allegre et sa potence et; après quelques haltes pour admirer le paysage, nous sommes arrivés au village de Lavaudieu où Henri, Bernadette et moi avons préféré faire la sieste (à l'ombre des toilettes publiques).

Comme il commençait à se faire tard et qu'on ne voulait pas louper le repas du soir, nous sommes rentrés par le chemin le plus rapide. Une fois arrivés à Eycenac, nous avons pu nous doucher avant de déguster une Vellavia que Hervé nous a offerte. Ce soir, Virginie s'était absentée pour s'occuper d'un bal à l'école de ses enfants et c'était Hervé qui avait fait la cuisine. Nous étions les seuls invités ce soir-là mais nous avons partagé la bière, l'apéro et le repas avec un voisin. Et il ne faut pas croire que les locaux sont des gens fermés car ce monsieur avait visité quand il était actif bien plus de pays que nous tous réunis. Nous avons mangé de la truite fumée en entrée, du lapin chasseur, suivi du plateau de fromages et un gateau d'anniversaire préparée par Virginie car on fêtait les 26 ans de Solange.

Dimanche 4 mai

Le dernier jour du voyage... et c'est bien sûr le retour en Belgique. La bonne nouvelle, c'est qu'il fait aussi beau là-bas qu'ici avec peut-être quelques degrés de moins mais dans la vingtaine quand même. Je ne vais pas vous re-raconter le petit-déjeuner: c'est toujours le même et on ne s'en lasse pas. Comme je n'aime pas jeter la nourriture, j'ai terminé le pain et le fromage achetés la veille pour notre pique-nique.

Dès la veille, deux clans s'étaient formés: Didier et Jacques qui voulaient prendre l'autoroute au début et à la fin pour ne pas arriver trop tard chez eux et Henri qui voulait rentrer par les nationales et les départementales. Moi, j'hésitais... jusqu'à qu'un compromis soit approuvé: on prendrait la A75 jusqu'à Gannat puis les départementales jusqu'à Chaource où se tiendrait une séance extraordinaire du comité de direction pour décider de la suite.

La route fut sans évènement particulier. Nous nous sommes arrêtés à Saint-Pourçain pour prendre de l'essence puis à Corbigny pour manger une pizza (il faut retenir qu'il y a une bonne pizzeria ouverte le dimanche à Corbigny, sur la route de Nevers) et sommes arrivés à Chaource avec une heure de retard sur l'horaire. Il faut dire que j'avais oublié de compter une heure d'arrêt pour le déjeuner.

Pour le reste du voyage de retour, j'avais décidé de ne rien décider avant d'être à Chaource. Jacques et Didier persistaient dans leur intention de prendre l'autoroute jusqu'à Reims puis la double voie jusqu'à Rethel avant de filer sur Couvin puis Bruxelles tandis que Henri préconisait une route moins encombrée mais bien connue et qui passait par Bar-sur-Seine, Vendeuvre, Brienne-le-chateau, Sainte Ménehould, Vouziers, Le Chêne, Poix-Terron, Signy l'Abbaye et Rocroi. J'ai opté pour le choix de Henri car je n'avais aucune contrainte de temps.

Le groupe s'est donc divisé à Chaource. Henri est passé devant vu qu'il connaissait le chemin par coeur. A ma demande, nous nous sommes arrêtés à Vitry le François pour manger une glace et prendre des forces pour les derniers kilomètres. Arrivés à Rocroi, nous nous sommes dit aurevoir et j'ai continué ma route par Couvin et la N5 jusqu'à la maison où je suis arrivé à 21h30, donc après 13 heures de route.

Anecdotes

La compagnie de notre ami Alberto nous a manqué et, au risque de me répéter, nous avons pensé à lui tout au long du voyage, non seulement en roulant mais aussi lors de nos soirées à Eycenac; je suis sûr qu'il aurait été charmé par notre jeune hotesse et qu'il l'aurait charmée aussi, au risque de recevoir quelques coups du jeune mari.

Lors de chaque repas pris à Eycenac, plusieurs langues laissaient entendre que notre séjour allait nous faire prendre au moins 2 kilos et qu'on devrait manger plus léger à midi... La bonne blague ! Personne ne s'est privé que ce soit le matin, le midi, ou le soir. Pour ma part, je ne me suis pas vraiment privé non plus mais je n'ai pas non plus mangé plus que ma faim. De retour à la maison, je me suis pesé et je n'avais pas pris de poids ! Mes efforts des semaines passées pour pouvoir rentrer dans mon pantalon en cuir n'avaient pas été perdus.

Une bonne ambiance a régné tout au long du voyage. Je remercie tout particulièrement Didier, mon co-koteur, qui s'est donné la peine de m'éviter toute nuisance pendant la nuit en se portant volontaire pour dormir à la mezzanine (le coin chambre pour enfants accessible par un escalier en bois) où il s'est cogné plusieurs fois la tête contre les poutres basses. Cette initiative a été couronné de succès car ses ronflements, si ronflement il y avait, ne m'ont pas empêché de dormir.

Une fois rentré au bercail, nous nous sommes échangés les emails habituels pour indiquer que nous étions tous bien rentrés. Didier s'est en plus inquiété de savoir s'il n'avait pas été trop "directif"... Nul besoin de t'inquiéter Didier, c'est comme ça que nous t'aimons tous ! Si tu n'étais pas là, ce serait le le désordre, la confusion, que dis-je, le chaos ! Et en plus, tu es la soupape de sécurité qui nous permet de pouvoir raler un bon coup en discutant tes ordres (;-) car cela ne nous est pas permis au bureau. Tu as une véritable mission sociale de continuer à nous diriger afin que nous puissions nous révolter (en douceur).

Même chose pour les autres d'ailleurs:

  • Jacques "professeur Tournesol" qui n'a pas son pareil pour rouler du mauvais côté de la route quand il cause à Solange (et dire qu'il a des appréhensions pour rouler en Angleterre...),
  • Henri et sa bonne humeur et son humour parfois tendre, parfois caustique, parfois gaulois,
  • Bernadette et Solange et leurs féminités, et qui ont apporté un équilibre nécessaire au sein du groupe
  • Alberto et son humour, ses jeux de mots, sa bonne humeur... qui nous ont bien manqué.

La surprise du voyage a été le peu de circulation rencontrée. Je m'attendais à avoir quelques bouchons, surtout lors de la descente et lors de la remontée mais nous avons été très peu gênés et nous avons vu très peu de schtroumpfs.

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