Voyage en Lozère (road-book) |
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Oubliez le Sudoku ! Ce jeu est maintenant dépassé. Il est remplacé par le keudo-keudo.
Et quel est le but du keudo-keudo ? Qui peut y jouer ? Et comment y joue-t-on ?
C'est tout simple:
i. il suffit d'éviter un maximum d'averses ou autres ondées orageuses
ii. tous les motards qui roulent par tous les temps peuvent jouer
iii. on y joue en roulant un minimum de 300 kms
Ah oui, j'allais oublier: toutes les motos de type K1200LT, Goldwing et autres camionnettes sur deux roues sont exclues.
Voila. Maintenant que vous avez les bases, voici quatre exemples bien différents:
Premier essai au keudo-keudo: résultat mitigé.
Henri et Bernadette m'ayant gentiment invité à les accompagner pendant 3 jours pour la descente en Lozère, le départ était fixé à Montignies-Saint-Christophe pour 9h00.
Nous sommes partis sous un ciel chargé sans un coin de ciel bleu en vue; la journée s'annonçait parfaite pour le jeu. J'ai quand même demandé à Henri de prendre des routes rapides pour rejoindre la France.
Nous avons eu droit à plusieurs averses pendant la matinée mais rien de bien méchant. Entre Hirson et Vervins, je suis passé en tête pour servir de guide. Ayant préparé le road-book pour les deux jours de descente en Lozère, il était normal que je roule devant. J'ai d'ailleurs été récompensé par un repas gratuit le dimanche, ce dont je remercie Henri et Bernadette. En ce qui concerne le road-book, j'ai voulu faire découvrir de nouvelles routes à H&B, ce qui n'est pas évident vu leurs nombreux voyages et kilométrage élevé en France. C'est en tous cas la raison pour laquelle notre destination du premier jour était Chissay-en-Tourraine, près du chateau de Chenonceau. Cette halte nous permettrait de repartir le lendemain en direction du sud-est pour rejoindre Serverette en traversant l'Auvergne en diagonale nord-ouest - sud-est.
Avant de nous arrêter pour manger dans un petit restaurant perdu dans un petit village en pleine campagne entre Provins et Meulin, nous avons eu droit à une bonne grosse drache qui a réussi en quelques minutes à faire ce que les petites averses de la matinée avait eu du mal à accomplir: nous tremper jusqu'aux os. Et cela malgré les combinaisons de pluie que nous avions eu soin d'enfiler dès le départ. Au resto, Bernadette a commandé du foie gras avec toasts et confiture d'oignons mais comme le chef n'en avait plus (de confiture d'oignons), Bernadette a eu droit a une tranche de foie gras supplémentaire tandis que Henri et moi nous vengions avec une crème brulée.
Nous sommes repartis vers 14h30 et toujours sous un ciel menaçant et toujours avec les combinaisons de pluie. Nous avons encore eu droit à plusieurs grosses averses qui transpercent les vêtements de pluie en quelques secondes mais comme nous devions suivre le road-book, nous n'avions pas beaucoup le choix. J'ai fait une bourde majeure à l'approche de Fontainebleau: au lieu de suivre mon road-book soigneusement préparé, j'ai suivi les panneaux indicateurs ce qui nous a amené à traverser la ville ! Que ceci me serve de leçon. En sortant de Fontainebleau par la N152 entre Malesherbes et Pithiviers, nous avons dû suivre une voiture de police pendant une vingtaine de kilomètres à allure réglementaire ce qui n'est pas facile. Essayez un peu pour voir...
A partir de Pithiviers, nous avons retrouvé les petites routes sans trop de circulation et sans l'ombre d'un gendarme. Une petite déviation entre Jargeau et La Ferté Saint-Aubin nous a amenés sur la D951 qui est la route la plus glissante que j'ai jamais vue. Les panneaux signalant "route glissante" sont en général surfaits mais ici, c'était à la limite de l'irresponsabilité; on était obligé de ralentir avant chaque tournant pour être sûr de le prendre perpendiculaire à la route. Et l'averse qui venait de passer n'aidait en rien.
En arrivant dans la région des chateaux, les averses intermittentes nous ont rappelés à leurs bons souvenirs. Nous aurions pu nous arrêter pour prendre quelques photos (Villesavin, Chéverny, Troussay) mais le temps ne s'y prêtait vraiment pas. Sur les derniers 100 kms, nous avons cru à plusieurs moments que c'était la fin de la pluie mais, au détour d'un tournant, on découvrait de tous les côtés des nuages sombres d'où tombaient des trombes d'eau. Nous avons contourné par chance une grosse averse ce qui a certainement fait remonter notre score de quelques points bien mérités au keudo-keudo.
Nous sommes arrivés à notre hotel un peu avant 19h00: la Boule d'Or à Chissay-en-Tourraine; c'est un hotel restaurant sans chichi et bon marché (37 euros la nuit). J'avais eu quelques difficultés à trouver un hotel dans la région et c'est la preuve qu'il est toujours bon de réserver bien à l'avance et de confirmer la réservation par téléphone car, dans la soirée, la patronne a dû refuser beaucoup de demande de touristes de passage. Nous avons soupé correctement avec le menu à 13,50 euros puis avons fait notre promenade digestive en ville avant d'aller nous coucher.
Score: 5/10
Deuxième essai au keudo-keudo: en très nette amélioration.
Grace à Henri et afin de conjurer le sort, la décision fut prise de partir sans enfiler la combinaison de pluie. Comme je l'ai écrit ci-dessus, le but de l'itinéraire de la journée était de traverser l'Auvergne de nord-ouest en sud-est afin d'emprunter des routes nouvelles. Nous avons commencé par une région remplie d'étangs dans le département de l'Indre sur des routes très roulantes malgré leurs petites tailles avant de voir le relief changer à Argenton-sur-Creuse. Plus on descendait dans le sud et plus les routes devenaient viroleuses. Nous avons fait une première halte touristique sur la D45 un peu après Gargilesse pour admirer le point de vue. En fait il n'y avait pas grand chose à voir à cause des arbres mais nous avons pu admirer de beaux gros escargots dont la région fait sa spécialité. Question pour un champion: comment appelle-t-on la culture d'escargots ? [réponse en bas de la page] Si nous avons pu éviter la pluie, les routes étaient maintenant bien mouillées et témoignaient d'une averse évitée de justesse (les escargots sur le bord de la route en sont la preuve).
Après Aubusson, la route grimpait sur le plateau de Millevaches et nous avons commencé à avoir un peu froid. Nous nous sommes arrêtés à Meymac pour manger (c'est là que H&B m'ont offert le repas) et Henri en a profité pour enfiler un pull. Bernadette avait noté la température indiquée sur un termomètre extérieur: 12 petits degrés. Pour la mi-août, ce n'est pas beaucoup. D'ailleurs, je dois dire en passant que nous avons croisé très peu de motards; sur tout le trajet long de 470 kms, une dizaine, pas plus.
A l'arrivée sur Bort-les-orgues, nous avons fait un petit crochet (prévu sur le road-book) pour aller admirer la vue splendide sur la vallée. Nous avons aussi contemplé les gros nuages au-dessus de la route que nous devions prendre pour rejoindre Condat. J'étais partisan pour enfiler ma combinaison de pluie mais Henri, avec son optimisme sans faille, m'a convaincu d'attendre qu'on y soit contraint. Pourtant la route qu'on voyait de loin et qui serpentait dans la vallée avant de monter sur le plateau était bien arrosée.
Après Bort-les-orgues, nous avons donc pris la direction de Condat; plus on montait et plus il faisait froid mais nous avons évité la pluie ce qui est le principal. Sur le plateau de Cézallier, nous avons admiré le paysage qui présente une nature inviolée par la civilisation moderne. En plus de ça, le temps commençait à s'améliorer avec quelques percées de ciel bleu entre les nuages et avec des tentatives timides d'ensoleillement plus que bienvenu. Nous sommes descendus sur Saint-Flour après une pause café dont a profité une averse pour bien arroser la route. A partir de là, la route était bien connue mais j'ai tenu à respecter mon road-book et suivre la D909 et la N9 plutôt que de tomber dans la facilité et terminer la journée sur la A75. Nous avons bien cru à un moment que notre chance allait nous lacher et que nous allions subir une averse avant notre arrivée à Serverette mais tout s'est bien terminé.
Nos hôtes pour deux nuits, Eric et Agnès, avaient préparé notre venue et nous avons eu le temps de ranger les motos, nous laver et prendre l'apéro avant de passer à table. Agnès nous a préparé un plat régional: des pommes-de-terre mélangées avec du fromage très frais, à consommer avec de la charcuterie. J'en profite pour remercier chaleureusement Eric et Agnès pour le formidable accueil.
Score: 9/10
Non qualification au keudo-keudo: pas assez de kilomètres.
J'avais proposé de fournir les croissants au petit-déjeuner mais j'ai utilisé, sans le faire exprès, le coup de l'italien en faisant payer par Bernadette les croissants que j'étais allé acheter. J'ai donc une dette de 10 euros envers H&B. Après un petit-déjeuner accompagné d'excellents croissants, nous sommes partis chercher les motos qui avaient passé la nuit dans la grange appartenant à Philippe, le frère d'Agnès. Le choix de la balade s'est décidé sur la météo locale et, vu le temps ensoleillé qui était prévu dans le sud, c'est par là que nous sommes partis.
Les deux guides, Eric et Philippe, se sont relayés pour nous faire découvrir des paysages typiques et d'une beauté surprenante. Je vais vous reconstituer le road-book:
A Villefort, nous avons payé le déjeuner à nos deux guides pour les remercier. Enfin, quand je dis "nous"... Je dois maintenant 25 euros de plus à H&B.
J'ai eu l'occasion de prendre plusieurs photos qui témoignent de la beauté de la région et du beau temps dont nous avons profité. Il n'a pas fait chaud, ce qui est très bien quand on fait de la moto, mais le soleil était au rendez-vous. Une journée parfaite ce qui incite à revenir dans le coin une prochaine fois.
Le soir, Agnès nous a préparé un steak accompagné de haricots verts et nous avons discuté jusqu'à 23h00 de choses et d'autres. Une deuxième occasion qui n'est pas de trop de remercier Eric et Agnès de leur très bon accueil.
Troisième essai au keudo-keudo: un "sans faute".
Au lever à 7h30, il faisait 1,7° C dehors (18° C à l'intérieur). Après le petit-déjeuner, Eric nous a conduits chez le beau-frère pour récupérer les motos. Tandis que H&B continuaient leur voyage dans le sud, je remontais en Belgique d'une traite pour reprendre le boulot le lendemain: 850 kms au programme ce qui, pour être honnête, m'inquiétait un peu.
Le road-book que j'avais préparé ne contenait pas de fioritures car il s'agissait de rejoindre la maison le plus directement possible. Mon seul soucis était d'arriver avant la nuit et de ne pas tomber en panne d'essence (ça fait deux soucis, ça). Bref, les premiers 150 kms ont été parcourus sur la A75 avec un premier pit-stop juste après l'entrée sur l'autoroute. J'avais prévu de continuer jusqu'à la sortie de Gannat sur la A71 mais j'ai décidé de sortir plus tôt à Clermont-Ferrand et prendre la N9 que j'aurais dû normalement retrouver plus au nord. Pourquoi modifier ce merveilleux road-book ? Parce que ça me fait ch... de passer aux péages à moto, voila pourquoi. Cela a surement fait baisser ma moyenne mais tant pis: j'ai roulé cool sur la N9 pour être sûr d'éviter les radars (et il y en avait) et j'étais à Saint-Pourçain-sur-Sioule vers 10h30. Je ne me suis donc pas arrêté à l'Irish Corner pour le repas de midi et suivant la recommendation de Henri vu qu'il était beaucoup trop tôt.
Jusqu'ici, il faisait très beau, à part le bref passage d'une nappe de brouillard sur la A75 dans la vallée de la Truyère, et il commençait à faire chaud. J'ai fait mon deuxième pit-stop à Decize où il y avait deux pompes à essence ouvertes en ce 15 août; c'est toujours bon à savoir. La traversée du Morvan s'est faite sous le soleil et sur des routes très agréables. Comme je n'avais pas encore faim, j'ai décidé de continuer ma route et ce n'est qu'à l'approche de Troyes que j'ai commencé à ressentir un petit creux. J'ai donc fait un crochet hors road-book pour (i) aller faire le plein en ville et (ii) avaler un Macdo.
Sur le parking du Macdo, j'ai voulu sortir mon atlas routier de France (la bible selon Michelin) et je me suis rendu compte que ma bouteille d'huile s'était renversé dans le top-case ! Toute l'huile s'était vidée dans le top-case et mes affaires baignaient dedans: atlas routier, veste jaune fluo, gants de rechange et divers autres accessoires. Heureusement que mes vêtements étaient dans le sac à dos... Je suis allé manger d'abord et je me suis attaqué au nettoyage ensuite. J'ai jeté quelques affaires irrécupérables, j'ai essuyé autant que j'ai pu le top case après l'avoir vidé puis j'ai tout remballé pour terminer le nettoyage à la maison. Sans doute que je devrais jeter l'atlas (heureusement c'est une édition 2001) et j'essaierai de laver le reste.
Bref, je n'ai pas pu consulter la bible pour voir comment je pouvais rejoindre mon road-book au plus court et je n'avais pas envie de rebrousser chemin pour retrouver ma route. Je me suis donc fié aux indications pour rallier Vitry-le-François où j'ai repris mon itinéraire préparé. Cela m'a sans doute valu quelques kilomètres supplémentaires mais j'étais au moins assuré de rejoindre la Belgique sans problème d'essence. C'est aussi à partir d'ici que le ciel s'est couvert et c'est quelques kilomètres plus loin, vers Sainte-Ménehould, que le ciel est devenu menaçant.
En sortant de Vouziers en direction de Sedan sur la D977, j'ai vite compris que j'allais me faire sérieusement doucher. J'ai donc sorti ma botte secrète et... je me suis arrêté. Il n'a fallu que de 20 minutes pour que le méchant nuage passe et je suis reparti, au sec, sur des routes détrempées. D'ailleurs, je suis passé entre deux averses car quelques gouttes commençaient à tomber lorsque je suis passé à Le Chesne. J'étais tout content d'avoir fait la nique à la pluie mais en arrivant sur Sedan, des grosses gouttes ont commencé de nouveau à tomber. Heureusement, ce n'était qu'une fausse alerte et les gouttes ont cessé à la frontière belge.
Le reste du voyage s'est déroulé sans problème: j'ai refait le plein sur la N89 avant de piquer sur Beauraing, Hastière, Anthée, Fosses-la-ville, Sombreffe et la maison. Je regardais le ciel de temps en temps pour voir s'il était opportun d'ajuster le road-book mais tout avait l'air bon jusqu'à ce que j'arrive à 3 kms de chez moi. A Court-Saint-Etienne, des grosses gouttes sont de nouveau apparues et je suis arrivé de justesse au sec. J'ai failli rater le "sans faute": un ou deux kilomètres de plus et c'était foutu.
Score: 10/10, même si je le note moi-même
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